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jeudi 19 mai 2011

Les bobos



Il y quelque temps un collègue me posait à brûle-pourpoint la question suivante: "C'est quoi, un bobo?" Tout en me grattant le cuir chevelu, je lui répondis d'un façon aussi évasive que peu convaincante. Lui-même n'avait pas trouvé une définition claire et pour cause le mot n'apparaît pas dans les dicos hormis sous l'acception "douleur physique, petite plaie ou blessure" qui appartient au langage enfantin. Il ne restait plus qu'à se vouer à notre sacro-sainte Toile et après plusieurs semaines de recherche minutieuse, voici mes conclusions. L'origine du mot est bien plus certaine que la définition. Ce terme a été inventé en 2000 par un journaliste américain David Brooks et est la contraction de bourgeois-bohème. Il désignerait un groupe social bien particulier, une sorte d'évolution du yuppie des années 80. Arrivée en France, cette expression est également utilisée pour se référer à un groupe social. Lequel? C'est là que ça se complique! Voici tout de même quelques pistes (sous toutes réserves). Le bobo est surtout citadin, son habitat naturel, c'est Paris et plutôt les quartiers branchés (par exemple, le XXème). Mais on peut en trouver également dans les villes de province et même à l'étranger. Il appartient à une catégorie sociale aisée, de profession intellectuelle ou créative. Il est plutôt de gauche (parfois de droite mais alors pas traditionnelle), branché (surtout pour la culture et les loisirs). Finalement comme il est aussi très politiquement correct, il est tout ce qu'il faut être de nos jours, à savoir tolérant (surtout pas raciste), écolo(giste) et mangeur de bio (mais en même temps consumériste), altermondialiste (mais pas du tout mai 68) plutôt du genre décontracté voire même conformiste. Mais réellement un bobo, ça ressemble à quoi? Pour un oeil non averti, ce n'est pas gagner d'avance car cela peut aller du look grunge-clodo griffé (genre Johnny Depp) au style hippie-champêtre-Chanel (à la Vanessa Paradis). Selon tous les spécialistes, c'est le couple bobo par excellence. Pour terminer, on peut ajouter que les bobos n'ont pas très bonne presse, ils seraient même plutôt détestés voire malmenés par le restant des mortels (finalement le nom leur sied à merveille). Je vous propose deux exemples de propos peu élogieux à leur encontre. Un article publié sur un blog que vous trouverez ici et une chanson de Renaud sur l'album "Rouge sang" (2006). En bonus, une enquête réalisée dans un des quartiers les plus bobos de Paris. Finalement tout bien réfléchi, ne serions-nous pas tous un peu bobos sur les bords?



Renaud - Les Bobos por emimusicfrance

Les bobos

On les appelle bourgeois-bohêmes
Ou bien bobos pour les intimes
Dans les chanson d'Vincent Delerm
On les retrouve à chaque rime
Ils sont une nouvelle classe
Après les bourges et les prolos
Pas loin des beaufs, quoique plus classe
Je vais vous en dresser le tableau
Sont un peu artistes c’est déjà ça
Mais leur passion c'est leur boulot
Dans l’informatique, les médias
Sont fiers d'payer beaucoup d'impôts


Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos


Ils vivent dans les beaux quartiers
Ou en banlieue mais dans un loft
Ateliers d’artistes branchés,
Bien plus tendance que l'avenue Foch
Ont des enfants bien élevés,
Qui ont lu le Petit Prince à 6 ans
Qui vont dans des écoles privées
Privées de racaille, je me comprends

Ils fument un joint de temps en temps,
Font leurs courses dans les marchés bios
Roulent en 4x4, mais l’plus souvent,
Préfèrent s’déplacer à vélo


Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos


Ils lisent Houellebecq ou Philippe Djian,
Les Inrocks et Télérama,
Leur livre de chevet c’est Cioran
Près du catalogue Ikea.
Ils aiment les restos japonais et le cinéma coréen
Passent leurs vacances au Cap Ferret
La Côte d'Azur, franchement ça craint
Ils regardent surtout ARTE
Canal plus, c’est pour les blaireaux
Sauf pour les matchs du PSG
Et d’temps en temps un p'tit porno


Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos


Ils écoutent sur leur chaîne hi-fi
France-info toute la journée
Alain Bashung, Françoise Hardy
Et forcément Gérard Manset
Ils aiment Desproges sans même savoir
Que Desproges les détestait
Bedos et Jean-Marie Bigard,
Même s’ils ont honte de l’avouer
Ils aiment Jack Lang et Sarkozy
Mais votent toujours Écolo
Ils adorent le Maire de Paris,
Ardisson et son pote Marco


Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos


La femme se fringue chez Diesel
Lui c'est Armani ou Kenzo
Pour leur cachemire toujours nickel
Zadig & Voltaire je dis bravo
Ils fréquentent beaucoup les musées,
Les galeries d'art, les vieux bistrots
Boivent de la manzana glacée

En écoutant Manu chao
Ma plume est un peu assassine
Pour ces gens que je n'aime pas trop
Par certains côtés, j'imagine…
Que j'fais aussi partie du lot


Les bobos, les bobos
Les bobos, les bobos



To be bobo or not to be bobo por gambettavillage

1 commentaire:

  1. On vit des temps d’hypocrisie et d’incongruité, certes. Il me semble que les Bobos ne sont que le prototype de ce que nous sommes presque tous devenus dans les nommés pays « développés ». La différence n’est qu’une question d’échelle. Moi, je l’avoue : j’suis plutôt du genre éconsommateur quoi !

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