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lundi 22 octobre 2012

Renaud Séchan




Tôt ou tard le diablogueur se devait de consacrer une rubrique au grand chanteur Renaud Séchan. Ce sera plutôt tard puisqu'il aura fallu attendre presque 2 ans jusqu'à ce 22 octobre 2012. Mieux vaut tard que jamais et le diablogueur compte bien se rattraper mais pourquoi aujourd'hui précisément? Pour une raison et quelques autres, d'abord parce que en ce lundi d'octobre Renaud revient dans les bacs avec un superbe coffret réunissant l'intégrale de ses albums studio (15 + les introuvables), aussi parce que le diablogueur s'est remis à écouter ses vieux CD de Renaud (et ses élèves un peu aussi), également parce qu'on a beaucoup parlé de lui ces dernières semaines après la diffusion sur France 2, le 26 septembre dernier, d'une émission Un jour, un destin consacrée au chanteur et puis enfin comme dirait Renaud (himself) parce que. Vous l'aurez compris l'auteur de ces mots est un inconditionnel qui place Monsieur Séchan dans la cour des grands de la chanson française. Même si l'ancien loubard a pas mal de défauts et beaucoup de détracteurs, il faut reconnaître qu'il aura marqué le paysage musical français de son empreinte inimitée et indélébile. Il aura été le premier à utiliser l'argot et le verlan de façon systématique se convertissant en (premier) véritable porte-parole de la jeunesse et préfigurant ainsi certains mouvements musicaux postérieurs tels que le rap ou le rock alternatif. Résumer Renaud en une rubrique me semble une gageure inutile, il y en aura donc au moins 3 ou 4 dans lesquelles je vais m'atteler à décrypter cette personnalité ô combien diverse et complexe, à commencer par le Renaud que je préfère c'est à dire le tendre, le nostalgique, le papa de Lolita et de Malone ... l'auteur de Mistral gagnant. Cette dernière et quelques autres chansons sont de loin mes préférées du chanteur aux yeux bleus et il faut vraiment être un dur à cuire pour ne pas s'émouvoir en écoutant En cloque, Morgane de toi et surtout le chef d'oeuvre Mistral gagnant qui fait partie de ces rares chansons capables de vous attraper le coeur et de vous l'étreindre comme un vulgaire artichaut. Je m'excuse à l'avance auprès des puristes du texte d'avoir réécrit en un français plus standard et moins familier les paroles de Renaud pour les rendre plus compréhensibles aux étudiants débutants. Pour la même raison, j'ai introduit des explications des mots et des expressions marquées en bleu (français standard) et en rouge (français familier et populaire). Pour finir et au risque de paraître un peu cucul la praline sur les bords, je dédie cette rubrique à toutes les petites filles et aussi à toutes les grandes qui ont été petites ... et en particulier à la mienne.


En guise d'introduction, une petite vidéo dans laquelle le chanteur nous parle de sa fille Lolita et commente deux des chansons du jour. Dans ce document, nous découvrirons une expression intéressante et rigolote (ventre rond petit con, ventre pointu petit couillu) et aussi que le parrain de la petite Lolita n'était autre que le comique Coluche, un copain de la bande à Renaud.


Et maintenant sans plus attendre les chansons avec les paroles (tout ce qui est souligné n'est pas prononcé par le chanteur et est apostrophé ou omis dans les paroles originales).


En cloque



Elle a mis sur le mur
Au-dessus du berceau
Une photo d'Arthur
Rimbaud
Avec ses cheveux en brosse
Elle trouve qu'il est beau
Dans la chambre du gosse
Bravo
Déjà les petits anges
Sur le papier peint
Je trouvais ça étrange
Je ne dis rien
Elle me font marrer
Ses idées loufoques
Depuis qu'elle est
En cloque

Elle se réveille la nuit
Veut bouffer des fraises
Elle a des envies
Balaises
Moi, je suis aux petits soins
Je me défonce en huit
Pour qu'elle ne manque de rien
Ma petite
C'est comme si je pissais
Dans un violoncelle
Comme si je n'existais
Plus pour elle
Je me retrouve planté
Tout seul dans mon froc
Depuis qu'elle est
En cloque

Le soir elle tricote
En buvant de la verveine
Moi je démêle ses pelotes
De laine
Elle use les miroirs
À se regarder dedans
À se trouver bizarre
Tout le temps
Je lui dis qu'elle est belle
Comme un fruit trop mûr
Elle croit que je me fous d'elle
C'est sûr

Il faut bien dire ce qui est
Moi aussi je débloque
Depuis qu'elle est
En cloque

Il faut que je retire mes grolles
Quand je rentre dans la chambre
Du petit rossignol
Qu'elle couve
Ce n'est que son petit bonhomme
Qui arrive en décembre
Elle le protège comme
Une louve
Même le chat pépère
Elle en dit du mal
Sous prétexte qu'il perd
Ses poils
Elle ne veut plus le voir traîner
Autour du paddock
Depuis qu'elle est
En cloque

Quand je promène mes mains
De l'autre côté de son dos
Je sens comme des coups de poings
Ça bouge
Je lui dis: tu es un jardin,
Une fleur, un ruisseau
Alors elle devient
Toute rouge
Parfois ce qui me désole
Ce qui me fait du chagrin
Quand je regarde son ventre et le mien
C'est que même si je devenais
Pédé comme un phoque
Moi je ne serai jamais
En cloque
Morgane de toi (Amoureux de toi)







Il y a un mariol(e), il a au moins quatre ans
Il veut te piquer ta pelle et ton seau
Ta couche-culotte avec tes bonbecs dedans
Lolita, défends-toi, fous-y un coup de râteau dans le dos


Attends un peu avant de te faire emmerder
Par ces petits machos qui ne pensent qu'à une chose
Jouer au docteur
non conventionné
J'y ai joué aussi, je sais de quoi je cause


Je les connais bien les play-boys des bacs à sable
Je draguais leurs mères avant de connaître la tienne
Si tu les écoutes, ils te feront porter leurs cartables
Heureusement que je suis là, que je te regarde et que je t'aime


Refrain
Lola
Je suis qu'un fantôme quand tu vas où je suis pas
Tu sais ma
môme
Que je suis morgane de toi


Comme j'en ai marre de me faire tatouer des
machins
Qui me font comme une bande dessinée sur la peau
J'ai écrit ton nom avec des clous dorés
Un par un, plantés dans le cuir de mon blouson dans le dos


Tu es la seule gonzesse que je peux tenir dans mes bras
Sans me démettre une épaule, sans plier sous ton poids
Tu pèses moins lourd qu'un moineau qui ne mange pas
Ne déploie jamais tes ailes, Lolita, ne t'envole pas


Avec tes miches de rat qu'on dirait des noisettes
Et ta peau plus sucrée qu'un pain au chocolat
Tu risques de donner faim à un tas de petits
mecs
Quand tu iras à l'école, si jamais tu y vas

Refrain


Qu'est-ce que tu me racontes? tu veux un petit
frangin?
Tu veux que je t'achète un ami Pierrot
Eh! les bébés ça ne se trouve pas dans les magasins et je ne crois pas
Que ta mère voudra que je lui fasse un petit dans le dos


Ben quoi, Lola, on n'est pas bien ensemble?
Tu ne crois pas qu'on est déjà bien assez nombreux?
Tu n'entends pas ce bruit, c'est le monde qui tremble
Sous les cris des enfants qui sont malheureux


Allez viens avec moi, je t'embarque dans ma galère
Dans mon arche il y a de la place pour tous les
marmots
Avant que ce monde devienne un grand cimetière
Il faut profiter un peu du vent qu'on a dans le dos

Refrain

Et maintenant le chef d'oeuvre absolu de l'ami Renaud, une chanson qu'il a hésité à enregistrer à l'époque, ne s'étant pas rendu compte de ce qu'il venait de créer. La chanson a d'ailleurs été décrétée chanson préférée de tous les temps par les Français lors d'un sondage en 2015.

Mistral gagnant



Ah… m'asseoir sur un banc
Cinq minutes avec toi
Et regarder les gens
Tant qu'il y en a

Te parler du bon temps
Qui est mort ou qui reviendra
En serrant dans ma main
Tes petits doigts

Puis donner à bouffer
À des pigeons idiots
Leur filer des coups de pieds

Et entendre ton rire
Qui lézarde les murs
Qui sait surtout guérir
Mes blessures

Te raconter un peu
Comment j'étais mino,
Les bonbecs fabuleux
Qu'on piquait
Chez le marchand
Car-en-sac et Mintho
Caramels à un franc
Et les Mistral gagnants

Ah…marcher sous la pluie
Cinq minutes avec toi
Et regarder la vie
Tant qu'il y en a

Te raconter la Terre
En te bouffant des yeux
Te parler de ta mère
Un petit peu

Et sauter dans les flaques
Pour la faire râler
Bousiller nos godasses

Et entendre ton rire
Comme on entend la mer
S'arrêter, repartir
En arrière

Te raconter surtout
Et les coco-boërs
Et les vrais roudoudous
Qui nous coupaient les lèvres
Et nous niquaient les dents
Et les Mistral gagnants

Ah… m'asseoir sur un banc
Cinq minutes avec toi
Regarder le soleil
Qui s'en va

Te parler du bon temps
Qui est mort et je m'en fous
Te dire que les méchants
Ce n'est pas nous

Que si moi je suis barge
Ce n'est que de tes yeux
Car ils ont l'avantage
D'être deux

Et entendre ton rire
S'envoler aussi haut
Que s'envolent les cris
Des oiseaux

Te raconter enfin
Qu'il faut aimer la vie
Et l'aimer même si
Le temps est assassin
Et emporte avec lui
Les rires des enfants
Et les Mistral gagnants 


Et les Mistral gagnants

Et trois versions en rab (parce qu'elle est tellement belle), Renaud en live en 1988  puis la version des Enfoirés (1998) avec Vanessa Paradis et Maxime Le Forestier en duo et finalement une dernière enregistrée lors de l'émission La chanson de l'année 2014 avec Jean-Louis Aubert, Bénabar et une Coeur de Pirate qui finit la chanson en larmes. On comprend.



Mistral Gagnant par Vanessa Paradis por belletoutcourt

mardi 9 octobre 2012

Le questionnaire de Pivot (7)

 

Et voici la 6ème question du fameux questionnaire de Pivot et pas des moindres: Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? De loin la préférée du diabl@gueur qui (je présume) sera aussi la favorite de bon nombre des habituel(le)s de ce blog car les gros mots pour les étudiants de langues étrangères sont un peu comme les bonbons pour les enfants. On en veut et on en redemande! Grâce à Pivot, nous allons pouvoir nous en donner à coeur joie tout comme l'ont fait les 47 invités des 2 vidéos ci-dessous, enfin pas tous puisque quelques-uns parmi eux n'ont pas voulu répondre à la question comme Woody Allen ou Umberto Eco entre autres. Il est vrai que dire un gros mot sur un plateau de télévision peut en faire trembler certains de trop constipés même si la plupart des personnalités présentes aujourd'hui vont nous faire généreusement profiter de leurs "friandises" personnelles. Ça va du très grossier (Laurent Baffie) ou de l'irrévérent (Michel Piccoli) à l'inoffensif complet (Philippe Sollers) en passant par le très original (Bertrand Tavernier) ou le très classique (D. Mitterrand ou Jean D'Ormesson). J'espère que la rubrique d'aujourd'hui ne scandalisera pas trop de monde et, d'emblée, je m'excuse auprès des âmes sensibles mais après tout, comme dirait l'autre, c'est la faute à Pivot. Pour ma part, quand je jure en français ce qui m'arrive (mal)heureusement assez souvent, je le fais pareil que le philosophe Michel Onfray. Et vous, quel est votre juron .... préféré (proféré ou pas) ?